lundi 09 décembre 2024
Mon compte
Vous n'êtes pas identifié
.
Paiement en ligne sécurisé par e-transaction du Crédit Agricole
Panier littéraire
Le panier est vide

À compter du 29 août 2018 les connexions sont cryptées pour la sécurité de vos paiements.

Eugène Durif

Durif Eugène

Eugène DURIF. Poète et auteur dramatique français. Originaire de la région lyonnaise, a fait des études de philosophie, a été secrétaire de rédaction et journaliste, il est depuis une trentaine d'années principalement auteur, notamment pour le théâtre.

Après des études de philosophie, il publie dans diverses revues des textes sur la littérature et les arts, tout en écrivant adaptations théâtrales, poèmes et fictions. Dans "Conversation sur la montagne" (1986), œuvre inspirée par le mythe de Faust, il aborde l'écriture dramatique par le théâtre-récit, avec un long monologue structuré comme une partition musicale, où se perçoivent des voix différentes. Fidèle à cette forme dans plusieurs textes, dont "Le petit bois", créé au TNP en 1991, il utilise des dialogues naturalistes et poétiques dans d'autres œuvres, drames intimistes comme "L'arbre de Jonas" (1990) ou évocations d'événements historiques affectant les destins individuels au point de leur donner une dimension épique, comme la guerre d'Algérie dans “ BMC ” (Bordel Militaire de Campagne) (1991). L'intérêt de l'écrivain pour les utopies communautaires se manifeste dans "Maison du Peuple" (1992), hommage à une société ouvrière disparue. Si l’humour n’est pas absent de ses œuvres, Eugène Durif a fait preuve d’une verve caustique inattendue dans ses comédies “ Via Négativa ” (1995) et “ Nefs et naufrages ” (1996), ou "Filons vers les îles Marquises", satires des mœurs de l’intelligentsia et des milieux culturels.
Parallèlement, des tournées d’été , dans le centre de la France, lui permettent d’expérimenter un théâtre de proximité , avec des petites formes parfois éphémères, proches du cabaret, pour une relation plus intime et plus festive avec le public. Depuis la fin des années 1990, il travaille à des retraitements de tragédies grecques à partir des histoires d'Oreste ("Meurtres hors champ", 1999), de Phèdre ( Pauvre folle Phèdre, 2005), d'Oedipe ("L'enfant sans nom", 2006), de Médée ("A même la peau", 2007). En projetant certains de ces personnages dans le monde contemporain, le dramaturge parle de l'exclusion, de la violence qui perturbe les relations humaines.
Présentées souvent dans le cadre de Théâtre Ouvert, les oeuvres d'Eugène Durif ont été régulièrement montées depuis 1986, en particulier par Hélène Vincent, Patrick Pineau, Joel Jouanneau, Eric Elmosnino, Charles Tordjman, Eric Lacascade, Jean-Louis Hourdin, Anne Torrès, Catherine Beau, Alain Françon et karelle Prugnaud… ”. Il a mis en scène ou interprété certains textes , devenant acteur-performer au Théâtre du Rond Point dans "Cette fois sans moi" (2005), des confidences impudiques sur les troubles de l'âme et la misère des corps, assaisonnées de musique et d'images vidéo
Bernadette BOST (Dictionnaire du théâtre, Michel Corvin, Larousse, nouvelle édition 2008)

D'après Michel CORVIN

Poète protéiforme et, comme Protée, insaisissable, Eugène Durif est un jongleur de mots qui mélange les tons, du pathétique au burlesque, de la violence imprécatoire à la légèreté de l'opérette, de l'approche chuchotée des êtres à la charge ubuesque.
Poète, les mots, il les savoure, il va les débusquer dans les recoins des dictionnaires et chez les vieux auteurs (comme ce "gélodacrye" - ce rire aux larmes - qu'il a déniché chez Marot) ; les mots il les bouscule et les combine, et ses bagages sont pleins de mots-valises. Ce sont eux, les mots, qui font le liant d’œuvres disséminées en une quarantaine de titres. Certaines comme De nuit il n'y en aura plus ou Nefs et naufrages relèvent directement des débauches verbales chères aux auteurs de fatrasies et de soties du moyen-âge, tandis que d'autres se mettent au diapason d'un Jean-Paul Brisset, auteur d'une cosmogonie bâtie sur une phonologie délirante. Il y a des "à la manière de" chez Durif : du Meilhac et Halévy dans Filons vers les îles Marquise, du Jarry dans Têtes farçues, des enfilades de fausses platitudes dans Les Irruptés du réel.
Durif a une trop haute idée de la fonction du poète pour s'en tenir à ces jeux : la langue parlée, il la saisit dans ses balbutiements, quand la pensée colle encore à la bouche et que la phrase reste comme suspendue. Ce qui permet à Durif de se faire le capteur du cheminement obscur et proprement indicible de pulsions enfouies (dans Le Petit Bois ou Les Petites Heures), d'avoir un œil tourné vers le dedans et l'enfance, d'être hanté par le sentiment de la perte.
Sa relation aux mots le place dans un rapport privilégié avec le monde : le monde de la nature qu'il pénètre avec une intimité presque panthéiste (dans L'Arbre de Jonas) ; le monde de ses personnages qu'il n'enferme jamais dans la prison étroite du sens. Sens qui, fluide et tremblé, traverse le langage (dans Conversations sur la montagne). Ce qui veut dire plus précisément, en termes de théâtre, que l'identité des "il" dont la pièce parle ou du "je" qui parle est indiscernable et fuyante. Croirait-on que Durif s'inscrit dans la lignée des Pierrots lunaires, constructeurs d'un monde évanescent ? Il s'en faut. Comme il le dit : "On voudrait dire le réel, tout, rien que le réel, on s'épuiserait bien avant lui. Des entraperçues. Seulement des figures qui défilent et on voudrait retenir des personnages et des vrais paysages". Il les saisit, ces personnages vrais, dans Tonkin-Alger B.M.C., ou dans Comme un qui parle tout seul et Meurtres hors champ.
C'est en réfractant le monde des choses et des gens dans le monde que Durif parvient le mieux à le saisir et à en restituer les douleurs et les beautés.

Bibliographie

- Au bord du théâtre, Tome 2, La rumeur libre éditions, 2016
- L’Âme à l’envers, Actes Sud, 2015
- Au bord du théâtre, Tome 1, La rumeur libre éditions, 2014
- Le Petit Bois, suivi de Le Fredon des taiseux, Actes Sud Papiers, 2011
- Loin derrière les collines, suivi de L’Arbre de Jonas, Actes Sud papiers, 2010
- La Nuit des feux, Actes Sud papiers, 2008
- Laisse les hommes pleurer, roman, Actes Sud, 2008
- L’Enfant sans nom, Actes Sud Papiers, 2006
- Hier, c’est mon anniversaire, Actes Sud Papiers, 2004
- De plus en plus de gens deviennent gauchers, nouvelles, Actes Sud, 2004
- Ni une, ni deux, Actes Sud Papiers , 2002
- Sale temps pour les vivants, roman, Flammarion, 2001
- Divertissement bourgeois, Actes Sud Papiers, 2001
- Maison d’ hôtes, radiodrame, Théâtre Ouvert, 2001
- Têtes farçues, L’école des Loisirs, 2000
- Pochade Millénariste, Actes Sud Papiers, 2000
- Filons vers les ïles Marquises, opérette, Actes Sud Papiers, 1999, traduction en allemand par Almut Lindner
- Comme un qui parle tout seul, Parole d’Aube, 1998
- « Le coup de pied de l’ange », dans La Polygraphe, 2, Comp’Act, juillet 1998
- La Petite Histoire, L’école des Loisirs, collection théâtre, 1998
- « De si peu se souvenir », dans Lyon, ville écrite, Stock, 1997
- Meurtres hors champ, tapuscrit de Théâtre Ouvert, 1997, puis Actes Sud Papiers, 1999
- Nefs et Naufrages, sotie, tapuscrit de Théâtre Ouvert, 1996
- Les Petites Heures, suivi de Eaux dormantes, Actes Sud papiers, 1996
- Via Négativa, Comédie, Actes Sud papiers, 1996
- Paroles échappées du chœur, Paroles d’Aube, 1995
- Croisements, divagations, suivi de Chorégraphie à blanc, Actes Sud papiers, 1994
- b.m.c. (Bordel Militaire de Campagne), Comp’Act, 1991
- Le Petit Bois, Comp’Act, 1991, repris chez Actes Sud Papiers
- L’Arbre de Jonas, tapuscrit de théâtre Ouvert, 1990, repris chez Comp’Act, puis en tapuscrit de Théâtre Ouvert, traduction en allemand par Klaus Gronau
- Tonkin Alger, tapuscrit de Théâtre Ouvert, puis Comp’Act, puis Actes Sud papiers, 1995, avec Maison du Peuple
-Salomé, les yeux tus, avec des gravures de Paul Hickin, Comp’Act, 1989
- L’Étreinte, le Temps, Comp’Act, 1987
- Conversation sur la Montagne, avec des lithographies de Madeleine Lambert, tirage limité, La maison du livre de Pérouges, 1986, puis éditions Michel Chomarat, 1990
- Une Manière Noire, Verdier, 1986