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Des pages mangées par les vers

Dominique Quélen

)le corps du paysage(, CCP 18, novembre 2009

On lit ce livre en deux temps. D'abord le dispositif agace et paraît brouiller inutilement la limpidité du texte. Mais très vite on ne sait plus si les parenthèses, lesquelles évoquent le jeu des mains de l'auteur dans ses performances, enserrent le texte à l'envers ou à l'endroit les blanc. Il en naît un trouble propice à ce qu'on entende cette voix comme émergeant d'un demi-sommeil, saisissant par de brèves ouvertures de l'oeil une fugitive lumière, éclats d'une mouvante exphrasis (celle d'un univers violent, martial, où passé et présent se mêlent à « l'intersection de nos pensées »), et saisie par une histoire où le corps se défait et se fond dans le paysage : « Mon corps s'arrête / où finit ma parole. » Proches de la tentation romanesque mais progressivement mangées par les vers (« un fragment d'horizon »), ces pages répondent par la simple beauté d'une langue à l'éternel Massacre des Innocents du monde.